JUSTICE

Seuil — Entrer dans le Royaume du Subconscient

Cette sculpture marque le seuil entre le monde matériel de la raison et le royaume subconscient de l’intuition, de l’émotion et des forces invisibles. Dans le parcours des Arcanes majeurs, elle occupe la deuxième étape — celle où la structure et l’identité cèdent la place à l’exploration intérieure et à la transformation.

Sa posture incarne l’équilibre, montrant que la véritable harmonie ne naît que lorsque nous entrons en dialogue avec le subconscient. Les symboles alchimiques du feu et de l’eau sur le tissu de ses bras reflètent cette intégration : le feu, comme l’esprit, illumine, pousse à l’action et structure la perception ; l’eau, comme le cœur, s’écoule, nourrit et dissout les frontières. Ensemble, ils forment l’union alchimique des contraires, écho de la vision de Jung selon laquelle l’individuation exige l’harmonisation de l’intellect et de l’émotion, de la pensée consciente et du sentiment inconscient.

Ses ailes, prisonnières de la terre, évoquent un potentiel latent. Une fois que nous maîtrisons nos profondeurs intérieures, nous acquérons la capacité de nous élever — vers la clairvoyance, la liberté et des dons quasi angéliques — mais ces pouvoirs demeurent en sommeil tant que l’équilibre n’est pas atteint. La figure angélique indique que nous avons pénétré dans le royaume de l’imagination, où tout devient possible — merveilleux ou inquiétant — et où l’esprit peut créer, rêver et affronter à la fois la lumière et l’ombre.

Le subconscient n’est pas un vide, mais un paysage vivant d’émotions et de souvenirs, un labyrinthe d’échos. Chaque fragment devient à la fois guide et obstacle, miroir et gardien. La porte qui se dresse devant elle, monstrueuse et vivante, exige courage, confrontation et révélation. La boue qui retient ses ailes et son corps nous rappelle que la libération se forge dans les profondeurs que nous redoutons d’explorer — que la descente précède toujours l’ascension.

L’épée, à la fois séparation et union, tranche les illusions qui séparent la raison de l’intuition, permettant à l’esprit et au cœur de coexister en harmonie. Dans cet acte alchimique, le soi découvre la plénitude : l’intégration de l’ombre et de la lumière, de l’intellect et de l’instinct, du souvenir et de l’émotion, en une conscience lumineuse.

Les formes ondoyantes, les spirales et les textures terrestres vibrent au rythme éternel de la vie : croissance, déclin et renouveau. La sculpture est à la fois portail et miroir, invitant à un regard intérieur, à une confrontation avec les courants cachés de l’âme, et à la reconnaissance que la véritable transformation commence toujours au-dedans.

Ce n’est pas qu’une sculpture.
C’est un voyage — dans le mystère, la magie et les profondeurs sacrées du soi.
Un appel à témoigner, à ressentir, à se souvenir — et finalement, à se transformer.
Sous chaque statue repose un labyrinthe, symbole caché de notre chemin intérieur — le sentier secret qui n’appartient qu’à l’âme assez courageuse pour l’emprunter.